431 jours. Un an, deux mois et 5 jours
Au volant de ma voiture, je pense à elle, comme souvent, comme tout le temps.
Il suffit qu'un air particulier passe à la radio pour qu'instantanément je sois avec elle. Je suis, là, seule dans ma bulle, au milieu des autres voitures, la musique, nos musiques, rien à faire d'autre que penser, et comme souvent dans ces moments là, submergée par l'émotion, je verse une petite larme, elle me manque, mais tout va bien, c'est juste une poussière, un frisson d'amour.
Et voilà, aujourd'hui, non seulement mes yeux s'emplissent de larmes mais j'affiche un sourire, un sourire....
Dans ma tête, on y est à ce 434 ème jour. Je t'attends, nous t'attendons. Et te voilà, belle comme un cœur. Pouvoir te voir en vrai, pouvoir te prendre dans nos bras...
Orly prépare toi, il va y avoir des pleurs vendredi!
J'ai hâte.
Et pourtant je sais que pour elle ça sera difficile, que ce n'est pas ce qu'elle voulait, que cet aller vers Paris aurait du comporter un retour et qu'elle l'avait rêvé accompagné, que douze heures de vol ce n'est pas suffisant pour laisser derrière elle son île et atterrir le cœur léger, qu'il faudra du temps, mais, là, très égoïstement, je ne pense qu'à une chose: la retrouver, enfin!
J'ai peur du décalage dans nos sentiments, elle brisée et nous enfin avec elle.
Ce décalage, je le connais, je l'ai vécu aussi, dans une moindre mesure, à notre retour il y a deux ans. On revenait en métropole, nos parents nous attendaient, eux toute à leur joie de nous revoir après un an et demi sans retour, et nous, heureux de les retrouver, très heureux, mais la tête et le cœur tellement encore là bas. Il y avait comme un voile. Pourtant, nous étions tous ensemble, nous avions des projets...
On ne quitte pas la réunion indemne, elle s'insinue jusqu'au plus profond de nos êtres.
Quand tout à l'heure au téléphone, je lui disais à demi-mots à quel point j'attendais son retour, à quel point j'étais contente de la retrouver. Elle m'a juste dit
" -Ne sois pas trop contente."
- D'accord, mais, ne m'en veux pas si je pleure".
Je pleure déjà, de toutes façons. A l'idée de la voir, de la toucher, mes larmes glissent toutes seules.
Ma fille, mon amour.
Jamais je n'aurais pensé quand elle était petite que nous serions séparées aussi longtemps.
Enfin si. Bien sûr que nous l'avons aidé à aller vers toujours plus d'autonomie, d'indépendance. Qu'elle sache voler de ses propres ailes était notre souhait le plus cher. Mais pas aussi vite.
Je me souviens d'avoir jugé avec un couperet la situation de la fille d'une amie. A 17 ans, elle avait son appartement avec son amoureux. Je me souviens de m'être dit: mais comment sa mère peut cautionner ça? Ma fille avait 15 ans à cette époque, et cette possibilité pour elle ne m’effleurait même pas. Non, ma fille à moi, sera étudiante, un jour, pas trop loin de la maison, peut être amoureuse, mais elle prendra son temps pour vivre avec quelqu'un.
Sauf que voilà, elle a eu 17 ans à la Réunion, est tombé amoureuse à la Réunion, on est rentré en métropole, son cœur est resté à la Réunion et elle a eu 18 ans, auréolée de sa toute nouvelle majorité, elle a pris la décision de repartir là où son cœur était.
On a dit: "Non, hors de question, tu es en pleine année du BAC, passe ton BAC, sois patiente, dans quelques mois ton bac en poche on verra, tu pourras faire ta FAC là bas, on est en mars, quelques mois, ça ne devrait pas être si compliqué d'attendre."
Si! ça l'était!
On a beaucoup parlé, mis en garde, négocié, interdit...et puis on capitulé.
On a fait le choix de préserver ce lien si fort, si beau, entre nous et elle, de ne pas risquer qu'il se dégrade, de la laisser vivre ses expériences loin de nous.
Elle pris l'avion le 19 avril 2013 pour son île, son amour, sa nouvelle vie.
La savoir heureuse nous suffisait.
Elle s'est montré très forte, a eu son bac puis sa licence, s'est incroyablement dépatouillé de toutes les contraintes administratives d'une vie d'adulte. Elle a vécu une jolie histoire, mais les histoires d'amour... quelques fois finissent... mal en général.
La distance, les 10 000 kilomètres entre elle et nous, sont devenus pesants, insupportables pour nous impuissants au téléphone, cruels pour elle désarmée, si forte mais si fragile encore.
"Tu devrais rentrer, revenir te reconstruire près de nous".
Elle a hésité, lutté puis décidé, elle revient, elle sera là le 27 juin.
434 jours.
j'ai hâte.
Comme tu t'en doutes, je vais penser fort à toi vendredi! Bon sang, il me fout les boules ton billet.....
RépondreSupprimeroh je suis désolée, mais ta fille elle va bien. C'est le plus important.
Supprimerahlala cette île voleuse de filles ;)
Aouch, j'ai la gorge serrée en lisant ce beau billet.
RépondreSupprimerDjahann
et moi plus encore et sans lire ;) merci pour ce joli compliment
Supprimerben tu vois, là, moi, tu m'as fait entrer dans ta vie... et pas par une petite porte, non ! par la grande ! et là, je ne peux m'empêcher de penser à ma pauvre poulette... encore si fragile et que, un jour, je devrai laisser s'envoler...
RépondreSupprimertu as le temps. et en même temps ça arrive à une vitesse...
SupprimerBon, bah voilà... je chiale.
RépondreSupprimerJe suis triste pour elle, car elle revient suite à une rupture. Je suis aussi si émue par tes mots de mère, qui comprend tout, mais est égoïstement heureuse de son retour... ce que je conçois parfaitement. La partage entre ton désir que ça ait fonctionné pour elle là-bas avec pour conséquence la douleur de la séparation, et la joie du retour grâce /à cause de la rupture amoureuse... Ambivalence maternelle très compréhensible.
Je ne capte cependant pas le décompte... Si elle est partie en avril 2013, comment a t-elle pu avoir Bac et Licence en un peu plus d'un an ?... ;)
tu as tout compris. je récupère ma fille, en miettes ( pour l'instant) mais je la récupère.
SupprimerSi si, elle est partie en avril 2013, bac in ze pocket en juin 2013 à la Reunion, inscrite en licence en septembre 2013 à la fac de la reunion, livence validée là il y a 15 jours. un an et qq mois mais à cheval sur deux années scolaires. Et pour la petite histoire c'est elle qui a géré seule ces inscriptions, le transfert de dossier bac de son lycée de métropole vers celui de la Réunion, qui a convaincu le proviseur du lycée de la Reunion de la prendre en cours d'année du bac...
Mais une Licence... C'est 3 ans !... C'est ça que je ne capte pas.
Supprimeroui pardon! ma fille est totalement et sublissimement géniale mais c'est licence 1.. bien sûr ;)
SupprimerQuand nous on avait deug, licence, puis maîtrise et doctorat, eux les jeunes ils ont licence 1, 2 3, master 1 et 2 puis doctorat
je viens de capter qu'ils n'ont pas poussé le vice jusqu'à appeler notre ancienne maîtrise licence IV, au passage.
Licence IV ! ^^^^^
SupprimerMerci pour les explications, je me demandais aussi ou est le Deug ;)
SupprimerDis donc, quelle preuve d'amour d'voir réussi à la "lâcher" comme ça.. j'espère avoir autant de bienveillance et de lucidité pour mon fils si le sujet se présente un jour...Je vous souhaite de belles retrouvailles en tout cas!
RépondreSupprimerbah c'est compliqué mais on y arrive ;)
SupprimerCoucou, je te comprends bien ! J'ai un fils de 23 ans spécialiste des expatriations : 1 an aux États-Unis après le bac, 1 an en Australie l'an passé et reparti un mois plus tard pour deux ans au Canada ! Vive Skype :) ! Mais nous nous parlons beaucoup plus et mieux que lorsqu'il était à la maison. On s'écrit aussi.
RépondreSupprimerMoi, je suis une pleureuse donc il a l'habitude de la petite larme au départ et au retour...
Quand tout va bien c'est pas aussi compliqué que ça en a l'air. d'ailleurs je m'étonne souvent des articles de mamans effondrées parce que leur enfant est parti vivre sa vie d'étudiant à...50 kms de la maison. Je peux le comprendre mais chez moi ce n'a pas été douloureux à ce point,( je me suis même demandée si j'étais une mère normale!) je la savais bien, donc j'allais bien. Nos amis ont guetté ma dépression quand elle est partie et ont été surpris. C'est devenu bcp plus compliqué ces derniers temps, je m'en voulais de ne pas pouvoir sauter dans un avion pour aller la réconforter. Et en même temps... elle a des amis, est ce que j'aurais fait mieux qu'eux est ce que j'aurais été plus utile?
SupprimerJe suis certaine qu'elle va repartir. à la Réunion ou ailleurs, mais je pencherais plus pour la réunion ;)
Grâce à Lydoue, j'ai découvert ton blog. Quand on est mère, on vit toutes des situations plus ou moins difficiles. En tous les cas, j'espère que tout se passera bien pour son retour. Avoir confiance en son enfant est le plus important.
RépondreSupprimerQu'est ce qu'elle a encore fait la crapaude?
SupprimerLui faire confiance et dépasser ses propres peurs, On a quelquefois tendance à lui imposer des limites qui sont plus les nôtres que les siennes.
Merci pour ta visite. ;)
Tu comptes les heures maintenant jusqu'a vendredi?........... ;)
RépondreSupprimerBel article emouvant.
je ne compte plus, j'attends ;)
Supprimerce billet est magnifique. Emouvant. On est un peu en toi tant tu dis tout ça justement. Je suis heureuse pour toi! Et je souhaite à ta fille plein de belles choses dans l'hexagone!
RépondreSupprimermerci m'dame ;)
SupprimerWhaouuu quel billet magnifique !! On ne peut être qu'emue devant tant de sincérité et d'amour !!
RépondreSupprimerJe suis très heureuse que tu puisse enfin la retrouver mais un peu triste aussi que ce soit dans ces circonstances qui ne sont jamais faciles !!
Mais le principal c'est que tu la retrouve! Enfin !! Tu vas enfin pouvoir la prendre dans tes bras et t'occuper d'elle
J'aurais une grande pensée pour toi vendredi !!
ouiii vivement vendredi! et puis le temps fera le reste
Supprimerj'ai voulu laisser un comm ce matin mais ça n'a pas marcher, je disais donc que j'espère que ta fille liras ce billet, il est vraiment touchant et c'est une belle déclaration, ça vient vite ma belle, des bisous
RépondreSupprimerelle l'a lu et commenté sur FB
SupprimerIl faut que je fasse attention elle lit tout la bourrique ;)
Heureusement que les parents sont là... j'étais aussi loin de mes parents quand on m'a brisé le cœur... 1600km... et hop j'ai sauté dans un car et je suis repartie près des miens ... 5 ans plus tard je suis partie de nouveau, mais mes parents savaient que c'était pour mon bien... puis les retrouvailles ne sont que meilleures :-)
RépondreSupprimerles parents sont là pour ça, pour les bobos, petits et grands et les bonheurs, petits et grands.
SupprimerJe suis certaine qu'elle repartira, elle a la Réunion bien ancrée en elle, elle y retournera
très émouvant ... j'en reste toute touchée
RépondreSupprimerc'est gentil. Je ne voulais pas faire pleurer dans les chaumières. Pour moi c'est du bonheur et pour elle, ça va aller, on sera là pour la bichonner ;)
SupprimerJe te découvre sur les conseils de "Pour mieux attendre". Ton texte est splendide et me parle tellement. Ma fille n'a que 3 ans, mais nous vivons sur une île, et il y a de grandes chances que la séparation "longue-distance" soit au rdv pour nous aussi...!
RépondreSupprimerJe reviendrai par ici, c'est certain !
c'est vrai que quand on part dans les DOM, on se dit qu'arrivera un jour où nos enfants devront quitter leur île, souvent pour faire leurs études en métropole. Je redoutais un peu ça en partant à la Réunion, nos enfants étaient ados donc cette potentielle échéance était plus ou moins proche. Mais on est rentré en métropole plus vite que prévu, ça réglait le problème,leurs études se feront en France. Je n'avais pas tout à fait envisagé qu'un de mes enfants tomberait amoureux de l'île!
SupprimerJ'ai vu que tu étais à Tahiti, c'est top!
mais pour le coup ce n'est plus 10 000 kms c'est encore plus loin, plus long, plus cher ( ça c'est un problème, le foutu prix du billet retour, à moins d'être fonctionnaire )Ta fille est petite, tu as tout le temps d'y penser ;)
Que d'émotions en lisant ton billet....je penserai à vous lors de vos retrouvailles demain :)))))))
RépondreSupprimermerci! plus que quelques heures! ça devient concret et je suis en mode flip total. Pourvu que Orléans ( ville du néant) ne lui semble pas trop glauque, ce n'est pas sa ville, ni la nôtre, vivement qu'on rejoigne l'océan pour qu'on puisse respirer
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